Quête de vision : rencontre avec soi-même

Guérisseur, praticien de médecine chinoise traditionnelle et chamanique, formateur et cocréateur de l’Association Les Gardiens du Feu, Eric Delafontaine a effectué lors de son parcours initiatique une quête de vision dans le désert du Sinaï en août 2003. Dans l’interview ci-dessous, il nous parle de son expérience de la quête de vision depuis la longue préparation qui a précédé sa quête jusqu’à sa sortie du désert.

Eric Delafontaine lors de sa quête de vision dans le désert du Sinaï en 2003

Interview de Eric Delafontaine, guérisseur et praticien chamanique, pour les Gardiens du Feu

Qu’est-ce qu’une quête de vision ?

Eric Delafontaine : La quête de vision est une cérémonie traditionnelle amérindienne qui consiste à s’isoler pendant 4 jours et 4 nuits sans manger dans un désert, sur une montagne ou dans une forêt afin de méditer, de prier et d’entrer en connexion avec les Esprits et de recevoir « une vision ». Cette cérémonie se pratique en général au passage à l’âge adulte afin de découvrir son chemin de vie. Mais elle peut également se pratiquer à différents moments de l’existence pour recevoir des réponses sur sa vie, pour savoir quel chemin prendre ou pour effectuer une demande particulière pour quelqu’un.

Les pistes du désert du Sinaï en Egypte

Quel était ton but lorsque tu as fait ta quête de vision ?

E.D. : Au tout début, lorsque j’ai demandé à participer à la quête de vision en 2003, je n’avais pas de but précis, je voyais ça comme une épreuve initiatique, un moyen d’atteindre un état de conscience supérieur. Je voulais faire comme le Christ dans le désert ou comme Mikao Usui, le découvreur du Reiki, sur sa montagne ou encore comme les chevaliers cherchant le Graal : que cette quête me permette de découvrir quelque chose de grandiose au sujet de Dieu ou des secrets de l’univers et que cela donne une direction à ma vie.

Au cours des mois de préparation qui ont précédé ma quête de vision proprement dite, mon but a évolué. Il s’est précisé. J’ai pris conscience que les réponses que je cherchais se trouvaient en moi et que ma quête de vision dans le désert serait en fait une rencontre avec le cœur de moi-même.

Eric Delafontaine partant pour sa quête de vision dans le désert du Sinaï en 2003

Comment ta quête de vision s’est-elle déroulée ?

E.D. : Avant toutes choses, je voudrais spécifier que la quête de vision se compose de 3 parties : la préparation qui peut durer plusieurs mois, la quête proprement dite et le débriefing.

La préparation a été pour moi presque plus importante que la quête de vision elle-même. Elle m’a révélé tellement de choses sur ma vie et sur moi-même que cela a transformé ma vie avant même que j’aille dans le désert. Cette préparation consistait à récapituler tous les mois de sa vie, vie intra-utérine comprise, un par un, dans l’ordre en laissant remonter les images et les souvenirs enfouis ! J’ai découvert des choses extraordinaires dont je n’avais pas pris conscience au moment où je les avait vécu. Par exemple, je me suis rendu compte que mon premier amour avait touché mon cœur bien plus en profondeur que je l’avais cru. A l’époque, je n’avais pas vraiment eu l’impression d’être amoureux. Un autre exemple : j’ai pris conscience que le soin et l’accompagnement étaient vraiment ma voie depuis l’enfance et que la musique et la cuisine n’étaient que des passions secondaires. J’ai aussi réalisé que la nature était mon refuge quand je me sentais malheureux et cela depuis tout petit ! J’ai vraiment beaucoup mieux compris mon chemin de vie grâce à ces mois de préparation. La préparation consiste aussi à participer à des cérémonies Inipi (sweat lodges). Ce fut une première pour moi. J’en suis ressorti libéré de ma peur de l’enfermement.

Après 6 mois de préparation, nous sommes enfin partis dans le désert du Sinaï. Sur place, chacun se trouva un lieu tranquille pour y passer ses 4 jours et ses 4 nuits de quête. Pour moi, ce fut une expérience très difficile, surtout les premiers jours : la chaleur insoutenable dans la journée, le froid glacial la nuit, le fait de ne pas manger et rien à faire à part méditer ! Aucune échappatoire possible, sauf celui d’abandonner – ce que personne n’a fait ! Les 3 premiers jours m’ont ainsi paru extrêmement longs ! Le temps semblait s’être arrêté. Et puis dans la nuit du troisième au quatrième jour, j’ai fait la rencontre d’une partie de moi-même qui était tapie dans l’ombre depuis très longtemps par peur de révéler sa puissance. A partir de ce moment-là, mon énergie vitale est remontée en flèche et mon cœur s’est ouvert ! Tous les phénomènes naturels comme le lever ou le coucher du soleil ou encore la vie émanant des rochers autour de moi ou des étoiles au-dessus de ma tête sont devenues des bénédictions, des manifestations du divin pour moi. Je pouvais sentir le cœur de chaque chose comme je ressentais le mien. Je touchais du doigt la réalité de la vie sous toutes ses formes. Un véritable moment d’éveil ! Et comme tout ce qui s’est passé durant cette quête de vision, cet instant a toujours de l’impact sur ma vie d’aujourd’hui, alors que c’était il y a 20 ans.

Paysage du désert du Sinaï, Egypte

Faut-il déjà être dans une démarche de recherche spirituelle pour faire une quête de vision ?

E.D. : Pour les amérindiens, faire une quête de vision a pour but de rencontre le Grand Esprit ou un Esprit particulier afin d’avoir des réponses ou d’obtenir une guérison. Dans toutes les cultures du monde, il existe l’équivalent de la quête de vision. Chez nous, nous avons la retraite spirituelle. En fait, je ne pense pas qu’il soit forcément nécessaire d’être dans une recherche spirituelle pour effectuer une retraite ou une quête de vision. Dans le monde actuel, nous sommes beaucoup sollicités mentalement et émotionnellement. Et nous avons besoin de moments de paix et de solitude pour faire le point sur nous-même et sur notre vie. C’est absolument indispensable si nous voulons prendre des décisions et surtout une direction qui corresponde à qui nous sommes en réalité. Autrement, ce sont nos émotions qui décident quelle route nous devons prendre. Ou alors ce sont nos blessures, nos croyances, nos conditionnements ou encore la société. Je pense que faire une retraite ou une quête de vision régulièrement est absolument nécessaire pour vivre une vie épanouissante à tous les niveaux.

Un moment de paix et de solitude dans le désert du Sinaï, Egypte

Comment savoir si je suis capable physiquement et mentalement d’entreprendre une quête de vision ?

E.D. : L’être humain a des ressources impressionnantes. Et la quête de vision si elle est bien accompagnée va les faire ressortir. Donc je dirais que quelque soit votre condition physique, vous pouvez faire une quête de vision. Toutefois, certains troubles peuvent rendre cette expérience dangereuse et dans ce cas là il vaut mieux s’abstenir. Je vous déconseille la quête de vision si :

• Vous avez de graves tendances à l’hypoglycémie
• Vous êtes diabétique
• Vous supportez très mal la chaleur
• Vous êtes épuisé ou en burn-out
• Vous avez la phobie de la solitude
• Vous vous sentez fragile psychologiquement
• Vous n’êtes pas accompagné·e par un·e praticien·ne chamanique en qui vous avez une confiance absolue
• Vous avez peur

Il vaut mieux dans ces cas-là préférer faire une retraite dans un lieu où vous vous sentez en sécurité et sans jeuner.

Comment s’y préparer au mieux ?

E.D. : La préparation traditionnelle faite de séances de récapitulation et d’introspection, de rencontres avec le meneur ou la meneuse de la quête de vision et avec les autres participants, ainsi que de cérémonies Inipi est ce qu’il y a de mieux. Pour vous préparer, vous pouvez également vous exercer à jeuner pendant 24 à 48 heures régulièrement.

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 dans les Pyrénées du 17 au 22 juillet 2023

Qu’est-ce que ça t’a apporté ?

E.D. : Comme je l’ai dit précédemment, la quête de vision a mis ma vie en lumière. J’ai pu ainsi rectifier certains aspects de ma vie afin d’être plus heureux et plus en harmonie avec moi-même. Cela m’a fait aussi prendre conscience de ma force intérieure et de ma capacité à traverser les épreuves. Je continue de m’appuyer là-dessus encore aujourd’hui. Et enfin, ce fut une expérience quasi mystique qui m’a permis de voir la réalité de la vie dans tout ce qui m’entoure, y compris en moi-même. Et ça je ne l’oublierai jamais.

Qu’est-ce qui te motive à organiser une quête de vision avec les gardiens du Feu ?

E.D. : Voilà 20 ans que j’ai fait ma quête de vision. J’ai senti cette année qu’il était temps de transmettre cette façon d’aller voir à l’intérieur de soi-même afin que d’autres que moi puissent transformer leur vision et leur vie. Au sein des gardiens du Feu, cela va avoir lieu en deux temps : cette année, nous organisons une retraite chamanique – c’est comme une quête de vision mais dans des conditions plus cools – qui sera également le point de départ de la préparation à la quête de vision que nous organiserons durant l’été 2024. Pour ceux qui participent à la retraite, participer ensuite à la quête de vision n’est pas du tout une obligation. Vous pouvez faire seulement la retraite chamanique. Elle est déjà une expérience à part entière ! Autre précision : tout le monde peut s’inscrire à la retraite chamanique. En revanche, pour des raisons de sécurité, les participants à la quête de vision seront sélectionnés à partir des candidatures que nous recevrons. Ça va être une aventure incroyable ! J’ai hâte d’y être 😉

Merci Eric de nous avoir partagé ton expérience passionnante.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser dans les commentaires afin qu’Eric puisse vous répondre.

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